L’œuvre de Sigmund Freud fut reçue de manière différente en Europe et aux Etats-Unis. Eli Zaretsky, historien de la psychanalyse, souligne à la fois l’institutionnalisation de cette pensée subversive et la richesse des interprétations qu’elle a suscitées.
Sigmund Freud dans sa maison de Londres. AKG-IMAGES Professeur d’histoire à la New School for Social Research de New York,Eli Zaretsky étudie l’histoire de la pensée,de la famille et du capitalisme à l’époque contemporaine. Il a consacré plusieurs livres à l’histoire de la psychanalyse,dont Secrets of the Soul (Knopf,2004),traduit en français sous le titre Le Siècle de Freud. Une histoire sociale et culturelle de la psychanalyse (Albin Michel,2008) et Political Freud : A History (Columbia University Press,2017),non traduit.
Cet article est tiré du « Hors-Série Le Monde – Une vie,une œuvre : Sigmund Freud », juillet-août 2024,en vente dans les kiosques ou par Internet en se rendant sur le site de notre boutique.
Prenons l’exemple de l’autonomie individuelle. Pour les hommes du XVIIIe siècle,l’individu autonome était celui qui pensait et décidait de sa vie librement,celui qui s’affranchissait de ses origines et de sa condition socio-économique. L’autonomie était alors comprise comme l’autonomie morale d’un individu rationnel. Or la psychanalyse a montré que la conquête de l’autonomie était aussi une affaire personnelle,autrement dit que tout ne se joue pas dans la relation entre l’individu et la société,mais plus fondamentalement au sein même de la relation que chacun entretient avec soi-même.
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