Dans le dernier rapport de suivi de l’éducation et de la formation au Luxembourg de la Commission européenne, positif et négatif s’entrechoquent. À propos du métier d’enseignant d’abord, l’institution constate que c’est une profession très attractive dans le pays, du fait des salaires élevés, de la sécurité de l’emploi, des classes de petite taille et du faible nombre d’heures de cours.
Mais comme dans la plupart des autres États membres, l’éducation nationale fait face à une pénurie d’enseignants. «Le secteur de l’enseignement est confronté à une pénurie de travailleurs qualifiés et il est difficile d’accéder à la profession», considère le rapport, même s’il constate que «l’Université du Luxembourg élargit son offre de programmes d’études» en matière d’enseignement. Il constate aussi que «les exigences en matière de qualifications diffèrent dans les écoles internationales».
Sur l’éducation et l’accueil des jeunes enfants, la Commission explique que «le taux de participation à l’éducation et à l’accueil des jeunes enfants (EAJE) avant l’âge de trois ans est relativement élevé, mais à partir de l’âge de trois ans, il est inférieur à la moyenne de l’UE.» En effet, 54,7% des enfants de moins de trois ans fréquentent des structures d’accueil formelles, ce qui est l’un des taux les plus élevés de l’Union européenne (UE). À partir de trois ans cependant, 88,9% des enfants participent à l’EAJE, ce qui est inférieur à la moyenne européenne de 92,5% et à l’objectif fixé au niveau de l’UE de 96% pour 2030.
Des inégalités lors de l’apprentissage des langues
L’une des particularités du Luxembourg est évidemment son multilinguisme. «Dès leur naissance, la plupart des enfants sont en contact avec plus d’une langue», rapporte l’étude. «Les cinq langues le plus souvent mentionnées étaient le luxembourgeois, le français, l’allemand, l’anglais et le portugais. Environ deux tiers des enfants sont en contact avec au moins deux langues à la maison.» Une force qui peut devenir une faiblesse, selon le rapport: «Les enfants qui parlent le français ou le portugais à la maison ont des niveaux de compréhension orale plus faibles en luxembourgeois, et plus faibles encore en allemand» et «le fait qu’ils participent à l’EAJE n’a qu’une incidence faible ou modérée sur leurs compétences linguistiques.» La Commission appelle alors à «promouvoir l’allemand dans l’EAJE afin de mieux préparer les enfants à l’enseignement primaire et d’harmoniser les politiques linguistiques dans l’EAJE et les cycles de scolarité suivants.»
Le rapport de suivi de l’éducation et de la formation du Luxembourg s’intéresse ensuite à l’enseignement niveau par niveau. Pour l’enseignement scolaire, «avec un taux de jeunes [âgés de 16 à 24 ans, ndlr] ayant quitté prématurément l’éducation et la formation s’élevant à 8,2% en 2022, le Luxembourg a déjà atteint l’objectif fixé au niveau de l’UE, à savoir un taux inférieur à 9%». Et ce même si «l’obligation scolaire a été prolongée jusqu’à l’âge de 18 ans» et que «des mesures préventives aident les jeunes à planifier leur carrière et à assumer la responsabilité de leurs choix.»
La Commission affirme ensuite que, dans le cadre du système scolaire trilingue, «les résultats scolaires sont étroitement liés au statut socio-économique des élèves et à leur milieu linguistique». Elle en profite pour rappeler qu’en 2023, «le Conseil de l’UE a recommandé au Luxembourg de prendre des mesures afin d’améliorer le fonctionnement de son système scolaire et de promouvoir l’égalité des chances pour tous les élèves, notamment en adaptant l’enseignement aux besoins des élèves défavorisés ou issus de milieux linguistiques divers.»