Le premier ministre, qui, par le passé, avait pris des positions très droitières sur la question migratoire, tarde à se dévoiler, soucieux de se poser en rassembleur. L’idée de ressusciter un ministère ad hoc fait son chemin, mais, pour Les Républicains comme pour le Rassemblement national, le sujet doit surtout devenir la priorité des priorités.
Michel Barnier aux journées parlementaires du groupe Horizons,à Reims (Marne),le 11 septembre 2024. FRANCOIS NASCIMBENI / AFP Le « pas à pas » plutôt que l’« esbroufe ». Sur la question migratoire,comme sur le reste,Michel Barnier joue la force tranquille,promettant de traiter ce sujet passionnel « avec de la rigueur et de la ténacité »,sans dévoiler ses cartes. Faut-il un ministère ad hoc,au risque de rappeler le temps des controverses du « ministère de l’immigration et de l’identité nationale »,mis en place sous Nicolas Sarkozy après son élection,en 2007 ? « Vous verrez »,se dérobe l’ex-commissaire européen,interrogé jeudi 12 septembre,refusant de démentir frontalement l’information de Franceinfo,dévoilée trois jours plus tôt.
Tout entier consacré à sa délicate mission de former un gouvernement capable de résister à une motion de censure,le locataire de Matignon tâche d’éviter les sujets de crispation politique. Placé « sous surveillance » du Rassemblement national (RN),selon les mots du chef du parti lepéniste,Jordan Bardella,Michel Barnier sait que la question migratoire est,après le sujet budgétaire,en haut de la pile de ses priorités. « Aucune force politique ne peut faire d’impasse sur ce sujet »,juge Frédéric Dabi,président de l’institut de sondage IFOP,décrivant une opinion angoissée,dit-il,à l’idée d’un Etat perdant le contrôle des flux migratoires.
Le premier ministre,qui entend incarner une « rupture » avec la ligne d’Emmanuel Macron,accusé d’angélisme par le RN,cherche à imposer son style,alors qu’en Europe les tabous tombent. L’Allemagne,dirigée par un chancelier social-démocrate,a décidé de rétablir,pour six mois,les contrôles aux frontières. Outre-Manche,le premier ministre travailliste,Keir Starmer,compte s’inspirer de la politique de la dirigeante d’extrême droite italienne,Giorgia Meloni,qui a fait du migrant une victime « désespérée » des puissances extérieures.
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