Si le culte des saints musulmans a longtemps été une forme de piété populaire prégnante en islam, il est en train de disparaître sous la double pression de l’islam radical et de la modernité, explique la chercheuse Catherine Mayeur-Jaouen dans un entretien au « Monde ».
En 2012,les images de djihadistes détruisant des mausolées à Tombouctou,au Mali,avaient mis en lumière l’importance du culte des saints pour certains musulmans,en même temps que le rejet qu’il suscite chez d’autres. L’historienne Catherine Mayeur-Jaouen vient de consacrer une somme (Le Culte des saints musulmans. Des débuts de l’islam à nos jours,Gallimard,622 pages,28,50 euros) à l’histoire de cette dévotion.
Très longtemps,le culte des saints occupa une place centrale dans le paysage spirituel musulman. En ce début de XXIe siècle,il connaît toutefois un déclin marqué. Par le prisme de cette dévotion,Catherine Mayeur-Jaouen projette ainsi une lumière nouvelle sur l’histoire de l’islam dans son ensemble,et sur les mutations qu’il connaît aujourd’hui.
Toutefois,la différence la plus fondamentale réside dans le rapport au corps du saint. Catholiques et orthodoxes vénèrent des reliques directes,c’est-à-dire les restes d’un corps. Dans l’islam,les mausolées n’abritent pas nécessairement la dépouille du saint. C’est que le saint musulman n’est pas mort comme l’est un individu ordinaire : il demeure présent dans l’Inconnu (le ghayb),un monde mystérieux qui sépare ici-bas et au-delà,et que seuls certains fidèles peuvent percevoir.
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